Nathalie Rias contact eng / fr

Et puis c'est tout

Vidéo de 32.30 mn / 2012

Cette vidéo a été réalisée en collaboration avec des adolescents étant diagnostiqués par les institutions comme ayant des troubles cognitifs.

Ce film a été produit dans le cadre de l'Orange Rouge.

Infos

Les droits de diffusion non exclusifs ont été acquis par le Conseil général de la Seine Saint-Denis jusqu'en 2022.

La vidéo a été montré dans une exposition de groupe à la galerie Nicolas Silin, commissariat: Corinne Digard et Marie Bechetoille. Juin 2012

La consultation de la vidéo se fait uniquement sur demande. Si vous souhaitez la voir, veuillez m'envoyer un email, en retour je vous transferrais un lien pour la regarder.

Intentions, conduite de tournage

Karim a souhaité être enquêteur,
Elodie: journaliste,
Melvin: s'est joint à elle,
Youcef: ministre du travail,
Thomas: montrer ses dessins,
Rennis: chanter,
Mildrède: danser,
Abdel: un pêcheur.

Prise de son: Fabrice Valsin et Jonathan Laroche
Prise de vue: Michele Gurieri
Cette Oeuvre s'est faite en collaboration avec les élèves de classe Ulis du Collège René Descartes à Tremblay en France en Seine Saint Denis.

séquence 1 (la scène où les enfants font un cadavre exquis) Comment pouvons-nous faire une oeuvre au sein de l'école qui a ses règles et son organisation propre? pouvons nous créer une oeuvre ensemble? Quelle est l'objet de notre rencontre? Suffit-il d'agir ensemble? Qu'allez-vous me proposez? Une rencontre sous le hasard dicté par le cadavre exquis serait-il un début de création? Le jeu n'est-il pas une forme de création?
Un extrait:

séquence 2 (la scène de karim est à la terrasse d'un café) Décrire ce que l'on voit comme première façon de créer, utiliser sa propre subjectivité pour devenir poétique. Pérec a tenté d'épuiser le réel à travers ses descriptions, en donnant le même objectif à Karim, le résultat est très différent car il a du mal à épuiser le réel mais alors chaque description infime qu'il peut faire, devient intéressante car rare. On est dans une expérience concrète. de la même façon qu'une enquête est concrète. (Karim souhaitait être un enquêteur, j'avais remarqué comme il était difficile pour lui de faire des descriptions, j'avais été frappé par son économie de parole, me rappelant ainsi les descriptions de Pérec)
Un extrait:

séquence 3 (la scène des 2 journalistes) Ils tentent d'expliquer une oeuvre conceptuelle de Lawrence Weiner. La conversation paraît scientifique car c'est un sujet d'étude sérieux qui peut s'appréhender selon différents points de vue, c'est une introduction à l'idée de complexité dans l'art. L'enquête ici, se fait par la réflexion, l'art s'ap- préhende aussi par l'intellect. C'est une expérience nouvelle qu'ils font de l'art. Je leur ai proposé cette oeuvre de Lawrence Weiner car malgré le fait que ce soit deux phrases inscrites sur un mur, c'est à dire une oeuvre en apparence statique, son sujet évoque le mouvement. Or ils avaient ap- précié une oeuvre de Jeppe Heine vu à Maison Rouge, qui est un banc qui se déplace seul par moment. J'ai souhaité les confronter à une mise en mouvement plus subtile ou du moins d'un autre registre. Dans la scène les enfants reprennent des réflexions qu'ils ont eu sur cette oeuvre, ils m'en ont aussi donné une explication qui me la rendue plus évidente, je me suis laissée surprendre par leur interprétation limpide.
Un extrait:

séquence 4 (Scène entre Thomas et Youssef, sur les tapis) c'est la scène la plus naïve du film qui a été faite à partir des propositions des enfants. Leurs dialogues n'ont quasiment pas été retraités.
Un extrait:

séquence 5 (la scène du thé, ils improvisent et ils piochent dans une boite des phrases qu'ils lisent) Le groupe se réunit comme pour une réunion secrète, ou plutôt pour réaliser un jeu, on peut penser au jeux littéraires du XVIIIè ou au cénacle dans lesquels les écrivains et artistes romantiques se sont réunis au XIXè siècle. On est pas loin de la première scène, où le groupe se réunissait déjà pour réaliser un jeu (cadavre exquis) Les phrases piochées analysent pourquoi ils ont aimé l'oeuvre du banc et en quoi c'est une première rencontre avec l'art, une autre phrase évoque ce qu'ils pourraient faire comme sculpture s'ils découpaient la table. Cet exercice montre les limites dans lesquels les enfants sont pris. N'ayant aucunes références artistiques, leurs propositions de sculptures s'apparente à de l'art brut, ils n'imaginent que des formes figuratives et plutôt humaines telle est leur idée de la sculpture. Une autre phrase est piochée, cette phrase anodine en apparence est la plus politique du film. Elle dit: le professeur dit que nous nous déguisons alors que l'artiste dit qu'elle nous habille. L'idée de se déguiser évoque le spectacle de fin d'année et cette idée que les enfants se travestissent un moment mais ne font en rien de l'art. Affirmer qu'ils s'habillent les pose dans une réalité artistique, celle que je peux assumer et qui n'est pas du ressort de l'enseignante. En ce sens cette phrase pose la tension entre l'art et l'école.
Un extrait:

séquence 6 (Rennis se promène dans le jardin des tuileries en chantant, il cherche l'oeuvre de Lawrence Weiner, celle dont discutaient les journalistes) il ten- te une approche concrète et curieuse de cette oeuvre, il est en mouvement. C'est la seule scène du filme qui montre une activité pragmatique plutôt que réflexive.
Un extrait:

séquence 7 (Mildrède danse sur une musique de danse classique, on entend sa voix en off, qui parle d'une oeuvre de Cindy Sherman qu'Abdel a commenté dans l'exposition à Maison Rouge) La façon de danser de Mildrède est en inadéquation avec la musique clas- sique. Je ne cherche pas à les mettre en opposition, car l'approche per- sonnelle de Mildrède même si elle s'inspire du modern-jazz touche à une certaine grâce. Je cherche à créer de l'étrangeté, à ce que l'on perde nos codes habituels de représentations. Dans la voix off, elle explique com- ment Abdel en se trompant sur un aspect de l'oeuvre qu'il a décrite, com- ment il l'a rendu intéressante à mes yeux. C'est ma pensée que reprend Mildrède, en se trompant j'ai pu voyager dans l'imaginaire de l'art avec Abdel. Cette séquence parle de ce voyage, d'ailleurs Mildrède est en mou- vement. L'»erreur» d'Abdel est qu'il n'a pas imaginé que c'est l'artiste qui est aussi sur la photo, l'artiste imite une vieille bourgeoise très maquillée et qui a sûrement eu recours aux artifices de la chirurgie esthétique. Il n'a pas pu admettre que la femme représentée puisse aussi être l'artiste tellement ces deux identités ne pourraient se confondre. Ca rejoint aussi cette idée de trouble identitaire concernant Mildrède, qui danse sur une musique peu habituelle pour elle. (la femme est dans un théâtre à l'italienne, ce peut ren-voyer aussi à la musique classique sur laquelle danse Mildrède.
Un extrait:

séquence 8 (Abdel à la pêche, on entend en voix off les commentaires d'Abdel sur l'oeuvre à la maison rouge) Après avoir entendu la voix de Mildrède commenter la description d'Abdel, il est intéressant de pouvoir découvrir l'enregistrement sonore de cet épisode à Maison Rouge.. Abdel est silencieux, figure un peu romantique, on découvre ce voyage que j'ai pu faire avec lui, le film se termine sur cette rencontre artistique comme une expérience très ouverte. La scène de pêche dans ce moment de solitude peut aussi faire penser au fait de se retrouver devant une oeuvre et de divaguer, contempler.
Un extrait: