Axes de travail
-Les mots: connu, inconnu, proche et lointain sont explorés dans leur pluralité, ils sont investis comme des notions plutôt que comme des thèmes.
-Ma présence sur scène suis différents protocoles. Je me déplace dans un état de "tranquillité" et mets en place des attitudes posées, une sorte d'arrêts sur image. Ces images sont ce qui me paraît être représentatif d'une situation. Je mets en évidence ces climax, je les débarrasse de toute écriture qui aurait pu amener à l'avènement de la situation, c'est à dire que je déconstruis le schéma dramatique, je le fais même disparaître. Malgré cette disparition, à travers la construction d'une image, je cherche à y condenser tout ce que j'ai effacé. Je suppose que consciemment ou pas le spectateur a une culture télévisuelle ou filmique qui lui donne une vision totale de la situation évoquée, même si ma présentation n'est que parcellaire.
-La présence de la vidéo: des interviews de philosophe / anthropologue, détenteur du record français de saut en longueur, d'une psychologue et de personnes qui me sont familières. Ils sont interrogés sur les notions cités, dans leurs domaines en ce qui concerne les professionnels et dans leur intimité ou sphère publique en ce qui concerne les familiers. Il s'agit de mettre en évidence la subjectivité de ces notions, notamment en croisant les différentes paroles.
-Deux vidéos sont diffusées en parallèles, l'une sur un moniteur au sol et l'autre est vidéo-projeté sur le mur. Le dispositif est volontairement dépouillé, il ne s'agit pas de mettre en avant un discours ou dispositif technologique.
Sur le moniteur y est diffusé la parole des familiers et sur le mur celles des professionnels. Des informations et autres images ont été aussi créées pour la pièce. La vidéo apparait toujours comme une information, je ne cherche pas à créer de l'illusion par le biais du hors champs ou en tentant un continuum réel avec l'extérieur.
Même si des paysages ou intérieur y sont filmés, il s'agit le plus souvent d'une image fixe dans lequel le spectateur n'a peu l'occasion d'y trouver un échappatoire physique, il est plutôt invité à un exercice intellectuel qui le ramène à penser ce qui se passe sur scène.
-La relation avec le spectateur: en cohérence avec l'effacement du schéma dramatique, de la non illusion dans la vidéo, je ne tente à aucun moment de séduire le public. Ma première intention a été de travailler sans regarder le public, non pas en considérant un 4ème mur comme l'ont fait les naturalistes du début du XXième mais en évitant de chercher l'assentiment du public. J'ai mené à bout cette première expérience. Il m'a semblé qu'a travers cette posture extrême, c'est une idée de pureté et de religiosité qui en découlait, ce qui m'a dérangé. J'ai réalisé aussi que cela a été le projet des avant-gardes de la fin des années 60 et notamment d'Yvonne Rainer. Par la suite j'ai maintenu ma première intention mais je l'ai accompagnée de moments ou je parle avec le public. Ces moments sont totalement assumés, ils n'entrent dans aucune fiction, je leur parle d'expériences que j'ai faites. Ces temps de rencontres marquent ma volonté d'entrer et de sortir dedifférents régimes de représentations sans faire d'éclats mais en maitrisant mes intentions.
-Il n'y pas de scénographie, pas de décor. J'ai conçu une installation qui a sa vie propre. J'en utilise les éléments lors de la présentation de la pièce, que je nomme parfois: pièce chorégraphique pour regardeur en art contemporain.
-L'écriture de la pièce est construite selon le jeu chaud / froid (tu te rapproche ou tu t'éloigne de l'objet cherché). La pièce commence dans un environnement glacial et se termine en terrain tropical.
Une propostion plastique
Il n'y a pas de scénographie, seulement une installation. < -∞ vient l'habiter et la révéler lors d'une expédition dans le proche, lointain, le connu et l'inconnu.
Ainsi les portraits vidéos de particuliers, d'une psychologue, d'un philosophe / anthropologue, du détenteur du record français de saut en longueur, se déclenchent et se tissent avec des actions chorégraphiques in situ, dans un puzzle à la fois réel et fictionnel.
Résumé fictionnel de le pièce
A chaque fois que je m'approche, la ligne d'horizon s'éloigne.
Le téléphone est proche de mon lit,
au bout du fil, il ou elle est loin, le combiné proche de mon visage,
le téléphone sonne, c'est un faux numéro, c'était un inconnu.
Je suis dans la maison en bois, allongée sur mon lit.
Qui est à mieux de me connaître?……Moi Même.
J'ai mal au ventre, je reste sous ma couette,
je ne comprends pas que mon corps puisse m'être aussi inconnu.
Sur la terrasse, je regarde la montagne au loin,
elle me paraît tellement proche qu'elle m'écrase,
je crois que je la tiens fort dans mes bras.
Quand je cris face à la montagne, je lance ma voix au loin,
celle-ci me revient en écho dans mon proche, le paysage me renvoie mes questions.
La maison en bois aurait pu être un chalet de montagne, en réalité elle se situe dans un endroit qui a eu pour lointain un mur,
Berlin, le mur sépare le proche du lointain se substituant ainsi à la ligne d'horizon,
au détail près que lorsque je m'approche du mur, celui-ci ne s'éloigne pas.
Il paraît que l'inconnu fait peur.
J'ai vu une affiche qui me proposait un lointain inoubliable,
alors j'ai pris un charter, à part le décalage horaire que je ne peux pas nier, nous avons fait du surplace.
Mais il faut dire que maintenant, j'ai pris de la distance….
Tout ceci, n'est évidemment qu'une fiction.
Une installation
En plus du dispositif vidéo et autres objets, il y a aussi une installation que l'on voit à peine dans la vidéo. Cette installation est faite d'un dérouleur de cables, d'objets usuels pris dans des fils, de journaux déchirés laisssant uniquement apparaître le logo: Le Monde. Cette installation existe par elle même, dans les actions que je réalise dans la pièce, je viens prélever ces objets pour leur en donner une nouvelle réalité, je ne les considère pas comme des objets scéniques qui attendent leur tour dans la pièce. La perspective faite avec Le monde, placent les objets dans leur histoire de consommation, le monde est traité dans son double sens, c'est à dire en tant que journal qui traite d'une actualité immédiate et le mot monde. Cet aspect est biensûr à mettre en relation avec les notions proche, lointain, connu, inconnu.
Des répétitions et projections sous formes de RDV dans un appartement.
Il existe différents documents de travail sous forme de vidéos, tournés dans différents lieux à différentes étapes du travail. J'ai été invité à présenter un module de cette pièce dans une exposition de l'Epicerie. (mars 2004) J'ai préféré faire évoluer ce travail le temps de l'exposition, ainsi je n'ai pas montré d'extrait vidéo mais j'ai considéré le temps de l'exposition comme un axe possible de travail. Le temps de l'exposition, j'ai expérimenté chaque module de la pièce dans un grand appartement que l'on m'a prêté, ces espaces non dédiés à la représentation ont fait évoluer mon travail par rapport à l'étape précédente. J'ai filmé chacun de ces modules dans leur nouvel état et dans cet environnement, j'en ai fait une vidéo de 1h30 que j'ai monté et ensuite montré sous forme de rendez-vous, dans l'appartement.
Des moments de vie dans l'art évoqués lors de la présentation, ce sont les annexes de la pièce.
Au printemps 2003, alors que je réalisais le plus gros du montage des 2 vidéos diffusées en continue dans la pièce, j'ai notamment travaillé sur les cartes géopolitiques du XXème siècle en Europe et dans le monde, mettant en évidence les changements de frontières et rapprochements politiques.
Ces extraits vidéos en question ont été montrés lors de l'étape de travail publique à Varsovie et utilisés dans le tournage du film dans l'appartement.
J'ai renoncé à montrer ces vidéos dans l'étape finale car l'aspect géopolitique était déjà largement traité dans cette version.
Par contre à un moment de la présentation publique, je remets un communiqué imprimé sur papier aux spectateurs.
Sur ce communiqué se trouve un plan du lieu de la présentation, il y a deux pièces à laquelle on a pas accès. Je suggère qu'il s'y trouve les vidéos décrites ci-dessus.
En donnant ce papier, je transformais l'espace de représentation en galerie, espace d'art qui est habituellement la fonction principale de ce lieu. Mais au-de-là de donner une perception différente de l'espace, il s'agissait d'indiquer aux regardeurs que ce travail qu'ils étaient en train de voir était constitué d'annexes, de moments de vie qui sont des corollaires de ce travail. La résultante que je donne à voir aux spectateurs est accidentelle, elle est juste un temps de rencontre à l'intérieur d'un processus de travail qui m'engageait tous les jours sans que la totalité puissait en être partageable.
contenu du communiqué, évocation d'une pièce d'artiste et invitation à en discuter avec le public.
Alors qu'elle travaillait sur l'aspect géopolitique du proche, lointain, connu, inconnu, cette artiste a entrepris de colorier des cartes de la terre qui mettent en évidence les changements de frontières, alliances, rapprochements éloignements d'intérêts politiques, à différents moments du XXème siècle. Les fondus enchainés révèlent une instabilité, ce mouvement induite une difficulté à se représenter ces problématiques à une échelle plus quotidienne. Lorsque ces lignes deviennent matérielles elles entrent directement en contact avec le quotidien, ainsi le géopolitique se met à la portée de notre représentation, celui-ci se fait moins fuyant. Lors d'un séjour à Berlin, l'artiste a entrepris une série de promenades le long de l'ancien mur, non pas dans un soucis de mémoire mais dans une volonté de se questionner sur les tensions géopolitiques qui se matérialisent au point de monter des murs ou d'en faire tomber (Twin towers). Dans les salles du fond auxquelles on ne peut pas accéder(elles se trouvent à gauche sur le plan) sont disposées des miniteurs sur lesquels sont diffusées ces vidéos. Tous les jours aux alentours de 20h30, l'artiste vient raconter dans le lieu d'exposition ces pérégrinations le long de l'ancien mur de Berlin.
Après avoir remis ce communiqué, je fais le récit de cette promenade et y évoque une oeuvre assez discrète disposé dans l'espace public. Je n'en connais pas l'auteur, il s'agit de silhouettes de lapins en métal (lequel?) qui sont prises dans le bitumes, les passants ne semblent pas les voir. Je me renseigne alors auprès du public pour savoir si quelqu'un en connait l'auteur, je propose une réflexion commune sur la signification de ce travail, cela-a-t-il un lien avec le passage de l'ancien mur, je propose mes hypothèses interprétatives.
extrait 1: Définition du mot proche. Durée 14mn
extrait 2: Une expédition dans le proche et le lointain. Durée 08mn
extrait 3: La montagne me renvoie mes question dans mon proche. Durée 12mn
> extrait 4: Evovcation d'une pièce d'artiste. Durée