J'ai été invitée par une agence d'architecture ainsi que d'autres artistes, architectes, paysagistes, sociologues
à étudier un des sites qui nous était proposé dans la ville de Bruxelles.
Cette étude s'est réalisée dans le cadre d'une recherche initiée par l'Institut de la Ville en Mouvement à l'Ecole d'architecture de la Cambre à Bruxelles.
Il s'agissait d'analyser le site en question, d'en dégager une où des problématiques à partir desquelles nous devions faire une proposition d'intervention sur le site. Ces problématiques devaient entrer en dialogue avec celle d'un protocole imposé qui était "la mobilité la nuit". La proposition / projet devait aussi se formaliser par un film de 3 minutes destiné à être exposé par la suite à la fondation Olivetti à Rome.
J'ai choisi un axe un peu particulier qui n'est pas interne à la ville de Bruxelles mais un axe qui la relie à une autre ville: l'axe autoroutier - Lille / Bruxelles.
Ce travail est rentré rétrospectivement dans la série des marqueurs temps, cette dénomination n'existant pas encore au moment où j'ai pensé cette pièce, celui-ci a néanmoins les caractéristiques des marqueurs temps.
Site étudié: axe autoroutier Lille-Bruxelles
proposition de réalisation
A la tombée de la nuit et jusqu'à l'aube, les automobilistes auraient la possibilité d'écouter depuis leur voiture, deux fictions radiophoniques conçues spécifiquement et uniquement pour ce trajet. L'autoroute a pour vocation d'assurer une facilité et rapidité de déplacement, suivant un itinéraire le plus direct. Il aurait été tentant d'entreprendre une réflexion qui irait dans le sens d'une résistance à ce mode de mobilité: nous pourrions imaginer un parcours à pied sur plusieurs jours, à la manière d'une visite guidée, empruntant les chemins les plus proches de la trajectoire autoroutière, traversant des zones mal définies, celles des périphéries des villes et des paysages ruraux et industriels. Cependant plutôt que de proposer une alternative comme celle évoquée, nous avons pris le parti de questionner la mobilité intrinsèque à l'autoroute. Le trajet Lille-Bruxelles, relie deux grandes villes de pays voisins, le trajet est d'une heure approximativement, il n'est pas assez long pour que l'on s'arrête sur les aires d'autoroutes où que l'on ait l'impression de voyager.
Cette durée est importante à l'échelle d'une journée, mais elle est bénine ...................est au service d'une action de nécessité qui se fait en continue, il est question d'un temps dynamique composé d'utilité et de vacuité. Le flot de la radio est en adéquation temporelle avec le trajet, tout en offrant une deuxième temporalité, celle du récit, de la voix qui se suspend et au silence hésitant. Les histoires diffusées, s'inspirent exclusivement de ce parcours, l'automobiliste se trouve ainsi au coeur d'un trajet dont la banalité usuelle se métamorphose en du particulier. Les fictions décrivent deux modes de vie atypiques qui se développent autour du site concerné. D'une part un groupe de gens qui vivraient selon les préceptes d'une utopie qui n'est pas très envisageable et d'autre part un individu dont les activités sont dédiées à des formes d'études, ils vont tous être amenés à se déplacer sur la portion d'autoroute qui relie Lille à Bruxelles.
Présentation du projet au groupe de recherche
performance
A la fin de ce temps de recherche très court, au lieu de montrer une vidéo qui n'aurait eu que très peu d'intérêt pour parler de ce projet, j'ai désigné le mur et j'ai dit qu'il y était projeté une image noir et que l'on entendait une voix qui racontait deux histoires successives. Après avoir énoncé ces deux histoires, j'ai conclu en révélant la nature du projet: une pièce radiophonique qui développerait ces deux récits et qui serait diffusée sur l'axe autoroutier Lille / Bruxelles dès la tombée de la nuit. Par la suite j'ai réalisé le film demandé avec les quelques images que nous avions récoltées, exposé à la Fondation Olivetti en Avril 2004.